La deuxième heure du cours du 6 janvier a été consacrée à une série de variations historiques et conceptuelles sur une formule gravée sur le garde-feu de la cheminée de la salle des fêtes du château du Haut-Koenigsbourg : « Ich habe es nicht gewollt », « Je n’ai pas voulu cela ». Cette formule étant attribuée à Guillaume II, on a brièvement évoqué sa reprise dans la pièce de théâtre publiée entre 1915 et 1922 par Karl Kraus : Die letzten Tage der Menschheit (Les Derniers jours de l’humanité), une fois dans la bouche de « Petit Guillaume », une autre dans celle de Dieu lui-même, véritable mot de la fin. Sur ce fond, on a abordé plusieurs problématisations du non-vouloir : celle de Roderick Chisholm (1916-1999), dans Human Freedom and the Self, avec le casus du fonctionnaire et du pot-de-vin, celle d’Anselme de Canterbury dans les pages De potestate et impotentia, possibilitate et impossibilitate, necessitate et libertate du ms. 59 de la Lambeth Palace Library de Londres publiées en 1936 par Dom François de Sales Schmitt sous le titre de Lambeth fragments. Poursuivant sur la lancée du quadrangle de l’agence de Jean de Damas, on a présenté en détail ce qu’on a appelé le « carré anselmien », constitué par : « facere esse » (FE), « non facere esse » (NFE), « facere non esse » (FNE), « non facere non esse » (NFNE). De ce « carré du faire », on a évoqué une reconstruction récente, l’Agentive square of opposition (carré logique de l’agence) de Sarah Uckelman, articulant agence et causalité, selon quatre équivalences :
- FE : ‘to cause to be’ ;
- FNE : ‘to cause not to be’ ;
- NFNE : ‘not to cause not to be’ ;
- NFE : ‘not to cause to be’.
Introduisant la différence entre agence « par soi » (per se) et agence « par un autre » (per aliud), on a ensuite synthétisé les six modes de l’action selon Anselme, en s’appuyant sur le modèle de Douglas N. Walton, ses opérateurs et sa notation. Après quelques considérations formelles, on s’est attaché au « carré du vouloir », distinguant :
- V, vouloir ;
- NV, ne pas vouloir ;
- VN, vouloir ne pas ;
- NVN, ne pas vouloir ne pas.
Puis au « carré du vouloir faire », distinguant :
- VF, vouloir faire ;
- NVF, ne pas vouloir faire ;
- VNF, vouloir ne pas faire ;
- NVNF, ne pas vouloir ne pas faire.
On a conclu sur la différence entre ‘non velle’ (ne pas vouloir) et ‘nolle’ (vouloir que ne pas) formulée en toute précision dans le Lexicon philosophicum terminorum philosophis usitatorum, publié à Iéna en 1653 par Johannes Lütkeschwager (1597-1658), alias Micraelius.